Bienvenue sur weppsy, un ensemble d’articles écrits par des psychologues à destination du grand public.

Ce blog est issu du souhait de partager des idées du monde de la psychologie, de créer des échanges grâce à “une rencontre” avec des praticiens sur des sujets qui vous touchent et vous interrogent. Une rencontre car chaque texte est le fruit du travail personnel et de l’expérience d’un psychologue et porte dès lors sa signature. Vous trouverez ici une grande diversité d’approches : chaque article est l’expression d’un point de vue, d’une pratique. Nous sommes convaincus que la pluralité des approches et la dimension intégrative des pratiques nourrissent une réflexion riche et en mouvement. Nous vous invitons ainsi à explorer ces ressources avec ouverture et bienveillance, valeurs essentielles de notre réseau, que nous souhaitons prolonger et faire vivre dans ce projet avec vous.

L’objectif est ainsi de vous donner un maximum d’informations afin de faire avancer votre réflexion sur des sujets, et que vous puissiez faire des choix éclairés, concernant par exemple le type de psychologue ou de courant qui pourraient vous convenir au mieux.

Afin d’approfondir les thématiques abordées, vous trouverez des sources et des liens en bas des articles, qui sont des invitations à approfondir les thématiques abordées, ainsi que des informations sur l’auteur. Nous vous proposons de les retrouver sur leur fiche weppsy ou via leur site si vous souhaitez les contacter. Par ailleurs, comme vous le savez, ces écrits ne pourront pas répondre totalement à une problématique spécifique et personnelle, mais seront, nous l’espérons, un point de démarrage et un début d’éclairage pour vous. Aussi, rien ne remplacera un entretien avec un psychologue.

Les auteurs de weppsy sont des psychologues cliniciens, du travail, ou chercheurs, qui travaillent dans différentes organisations telles que l’hôpital, l’entreprise, les écoles ou encore comme indépendant. Ils sont tous diplômés de l'Ecole de Psychologues Praticiens.

Vous trouverez ci-contre des catégories, qui évolueront et s’enrichiront au fil du temps, afin de pouvoir vous repérer au mieux et cibler vos recherches.

Maintenant, à vous d’explorer !

Les enfants d'aujourd'hui sont-ils à bout ? La dépression chez l'enfant

Cart, Psychologue clinicienne )

par Bénédicte Cart, Psychologue clinicienne
le 2020-09-22

Les enfants d'aujourd'hui sont-ils à bout ? La dépression chez l'enfant

Voici un sujet qui revient régulièrement à différentes périodes de l’année: celui de la déprime, du burn-out, de la dépression ou encore la fatigue et l’irritabilité chez les enfants.

La dernière semaine de classe est souvent synonyme d'hyper-vigilance, de chutes en tout genre, de conflits, de pleurs et de maladies. Mais pourquoi 5, 6 ou 7 semaines d'école viennent mettre à mal les enfants et qu'est-ce que cache ce mal-être ?  

Intéressons-nous tout d'abord aux différents noms que porte cet épuisement : il y a bien sur le « burn-out », mot tendance qui peut faire moins peur que la dépression. Et puis, la dépression, une psychopathologie connue et bien définie chez l'adulte mais plus opaque chez l'enfant. Elle est liée à une grande tristesse, un manque d'envie pour les activités, des idées noires et parfois des idées suicidaires. Elle peut être réactionnelle à un événement (comme un deuil, une perte…) ou chronique. Quant au burn-out, il est apparenté à la question professionnelle : il s’agit de l'adulte en souffrance au travail. Mais depuis quelques années, on entend ce terme dans le milieu de la santé mentale de l'enfant et de l'adolescent. Après avoir lu plusieurs articles sur le sujet et avoir rencontré des élèves en « décrochage scolaire » ainsi que des enseignants impuissants face à ce genre de situations, je me demandais : S’agirait-il d’une nouvelle forme de souffrance plus profonde et complexe que le simple désintérêt pour l'école? Nos enfants sont-ils tous au bord de la dépression ?


Commençons par un point sur la dépression chez l'enfant :



La dépression est une maladie référencée dans le DSM (manuel de référence dans le champ médical des maladies mentales), il s’agit d’un trouble thymique (en rapport avec l’humeur). Une dépression peut avoir plusieurs causes, plusieurs manifestations. Elle peut être réactionnelle ou durable (on parle alors de dépression atypique ou de bipolarité si la personne présente également des épisodes de manie). La thérapie est souvent double, c’est-à-dire chimiothérapeutique et psycho-thérapeutique, permettant une stabilisation de l’humeur et un travail axé sur la compréhension et l’acceptation de la maladie au quotidien.

Concrètement, l'enfant déprimé est peu concentré à l'école et fatigué, il a du mal à se lever le matin. Il est d'humeur triste ou colérique, parfois même agressif. Il se referme sur lui-même, généralise un malheur à toute sa vie et ne voit pas de solution pour s'en sortir ou que ça aille mieux.

Chez l’enfant, la dépression est difficile à diagnostiquer. En effet, le peu de corrélation au niveau de la symptomatologie de la dépression chez l’adulte et l’appréciation nécessairement subjective de l’humeur font que l’enfant sera toujours le meilleur observateur de son propre ressenti. S’il est le meilleur observateur, il pose bien moins aisément des mots dessus.

 

En effet, même quand la symptomatologie se rapproche de celle de l’adulte, la plainte dépressive est rare, remplacée par de l’hostilité (à l’adolescence) ou le ralentissement psychomoteur qui peut se transformer en une sagesse excessive et une forte culpabilité.

En général, elle s'installe lentement ou à la suite d'un événement vécu comme violent ou traumatique (décès, viol, racket…). La forme la plus répandue est celle qui évolue lentement, difficile à repérer car l'agressivité et le comportement agité sont au premier plan et cachent la tristesse et la douleur. Non traitée, elle peut disparaître spontanément après quelques mois avec des symptômes perdurant 1 ou 2 ans.

Un enfant souffrant de dépression, même si celle-ci n'est pas diagnostiquée ou réellement visible par l'entourage, est un enfant en construction. Sa personnalité va donc utiliser le mode dépressif pour se solidifier. Comme une maison, nous choisissons du bois, des briques… la personnalité opte pour un mode. Cela signifie que l'enfant déprimé qui grandit va plutôt générer des symptômes dépressifs en réaction aux événements de vie auxquels il est confronté tout au long de sa vie.


Mais alors que faire quand nous sommes parents et voyons cette détresse chez son enfant ? 

Comment appréhender la question délicate des idées noires et même du suicide chez ces enfants tristes ?



Voici une question bien délicate à aborder, quand son enfant rentrant de l'école nous dit « Je suis nul, je veux mourir ». Luis Vera explique qu'il faut aborder ce sujet pour manifester à son enfant son inquiétude à son sujet et sa compréhension de son mal-être.

Avant tout chose, en tant que parent, discuter de ses idées, pensées et émotions autour de la mort est nécessaire.

 

En discuter ne rendra pas concret l'acte, mais permettra bien le partage du fardeau avec l'enfant. Évoquer les idées suicidaires n’en a jamais créé chez des enfants qui n’en avaient pas.
Cet échange n'a pas pour but de minimiser le discours de l'enfant ou de lui montrer tout ce qui va bien, seulement de l'écouter et d'évaluer le niveau de risque suicidaire. Tout d'abord, un enfant qui a des idées noires, « Je suis trop nul, personne ne m'aime », n'a pas forcément d'idées suicidaires, mais indique un déficit d'estime de soi. Par la suite, si l'enfant commence à dire « Je vais me tuer », « Je vais me jeter par la fenêtre », alors on parle d'idées suicidaires. Il y pense, mais de manière générale car les choses semblent trop difficiles. Il s'agit de la seule solution à tous ses malheurs. En effet, l’enfant a plus de mal à se projeter dans le futur et imaginer que les choses vont s’améliorer, il vit enraciné dans le présent. Dans ce cas-là, l'adulte peut lui proposer de consulter un psychothérapeute tout en lui faisant comprendre qu'il a entendu sa plainte. On peut aussi l’amener à chercher d'autres solutions. Et le dernier niveau qui doit absolument alerter le parent est le scénario suicidaire. Dans ce cas, l'enfant décrit comment et éventuellement quand il va passer à l'acte, souvent à des proches, des amis, sur les réseaux sociaux... A cet instant, il est important de proposer à l'enfant une consultation médicale, se rapprocher du personnel médical de l'établissement fréquenté, ou encore emmener l’enfant aux urgences pédo-psychiatriques les plus proches. En effet, l’enfant a moins la notion de la permanence de la mort que l’adulte, et peut donc passer à l’acte de façon impulsive, sans avoir réellement en tête les conséquences.

Après ces échanges, l'enfant ne se sent plus seul dans sa détresse et peut s'apaiser. Il s'agit d'un moyen d'attirer l'attention sur ses angoisses et l'enfant doit trouver une oreille pour expliquer ses peurs. Ainsi l'adulte peut rassurer et proposer à son enfant une prise en charge par des professionnels. Cela permet de diminuer le sentiment de culpabilité et d'anormalité que l'enfant ressent.

La dépression est une pathologie qui nécessite des prises en charge médicale et thérapeutique comme chez l'adulte mais le manque de connaissance et d'informations sur celle chez l'enfant a laissé la place à un autre trouble : le burn-out. Un enfant peut-il être atteint de burn-out ? Et comment se manifeste-t-il ?

Commençons par une définition simple du burn-out : il s’agit d’un épisode dépressif en réaction à un épuisement professionnel, ou scolaire dans le cas des enfants. Chez l'enfant, le burn-out est une forme de fatigue ou d’épuisement physique et psychologique. Pour être plus clair, il s’agit d’une réaction à un stress intense et prolongé. Ils sollicitent leurs ressources, de plus en plus, jusqu’à l’épuisement, et c’est là que nous parlons de burn-out. Ce sont des enfants exténués, qui ont souvent des problèmes de sommeil ou même d'alimentation, et peuvent présenter une irritabilité et des rapports conflictuels avec les adultes.

Une étude réalisée par Sandra Zakari et Hossaïn Bendahman a montré que le stress ou les pressions en rapport à la scolarité, les attitudes parentales, l’entourage social, les relations avec les enseignants, la relation à la fratrie, le parcours scolaire lui-même, les projets d’orientation et les activités extrascolaires sont relatives au mal-être ou à l’épuisement, le plus souvent visible à l'école, et on parle alors d'épuisement scolaire.

L’épuisement chez les enfants est donc une réalité qui prend de l’ampleur. Il s’agirait d’une sur-stimulation du cerveau, créée par l’environnement où l’enfant lui-même, qui va user peu à peu ses ressources. Le cerveau, ayant une fonctionnement comme le corps, a besoin d’un entraînement progressif. Si celui-ci ne fait l'expérience que de stress, projections futures et interprétations de ses résultats scolaires, il aura beaucoup de difficultés à envisager le futur de façon positive. De plus, si les personnes de son entourage sont elles-mêmes sous pression, angoissées ou déprimées, alors son fonctionnement en miroir va utiliser les mêmes mécanismes, qui deviendront des automatismes de pensées jusqu'à l'épuisement. C’est également pour cela que les parents doivent être vigilants par rapport à leur propre humeur, et prendre soin d’eux-mêmes.


Mais alors comment aider ses enfants à éviter cet épuisement ? Cette tristesse ?



Il ne faut pas oublier le caractère épisodique du burn-out, ou de la dépression qui à l’échelle d’un enfant nécessite un rééquilibrage de son temps, de ses activités, et de son rythme.

La première solution fait appel au bon sens. Quand on est épuisé nerveusement, il faut faire une pause. Pour un enfant, les vacances sont idéales. Cela permet d'aller chez les grands-parents ou de rester en famille, de faire des activités calmes et sans pression ou enjeu de réussite. Il peut fréquenter un centre de loisir, ou partir en colonie. L'idée est de casser son rythme habituellement et renouer avec un environnement plus calme et moins stressant.

Deuxièmement, la famille, ou son entourage, peut prendre du recul sur la vie, les attentes et la pression que subit l'enfant en souffrance et lui permettre de faire des expériences positives et bienveillantes en l’encourageant à s'ennuyer, se reposer tranquillement. Il faut parfois lâcher prise pour que l’enfant retrouve sa joie de vivre et un équilibre plus stable.



Episode 14 - Challenge confinement & weppsy - Isolement et fragilités psychologiques : que faire face aux idées noires ?

Vellutini, Psychologue clinicienne)

par Marie-Violette Vellutini, Psychologue clinicienne
le 2020-04-24

Episode 14 - Challenge confinement & weppsy -  Isolement et fragilités psychologiques : que faire face aux idées noires ?

La question du risque suicidaire en cette période de confinement est au cœur de nombreuses préoccupations dans le domaine de la santé psychologique. En effet, la situation de crise sanitaire actuelle que nous connaissons induit un remaniement du mode de vie de la population, et par là même l’isolement de nombreuses personnes, la solitude étant identifiée comme un des facteurs du risque suicidaire.



Pensées suicidaires en situation de confinement




“Ne plus penser”, un motif de passage à l’acte souvent présent dans le discours des personnes suicidaires, qui en dit long sur la souffrance que certaines pensées peuvent provoquer. Le confinement, synonyme de ralentissement d’activités, peut-être à contrario une période d’hyperactivité psychique douloureuse pour certains.

Le confinement ou enfermement, maintient dans un même espace, clos, et au même titre que nous sommes limités dans nos déplacement physiques, certaines pensées sont comme emprisonnées elles aussi. Les pensées qui « tournent un peu en rond », trouvent difficilement une voie d’expression, en l’absence de l’autre, de stimulations et peuvent rapidement devenir envahissantes. Nous comprenons donc l’importance de ce qu’il se joue à l’intérieur de chacun, la place qu’occupent pensées, émotions, ressentis et la manière dont l’individu s’en saisit, les recours qu’il a autour de lui pour « gérer » son activité psychique. Nous comprenons donc qu’il n’est pas nécessaire qu’un évènement particulier ait lieu pour qu’un passage à l’acte suicidaire soit possible, certaines pensées « suffisant » à le déclencher.

Le confinement ne peut être en lui-même tenu responsable du passage à l’acte suicidaire. Les raisons, la mise en acte dans la réalité, tout cela dépend de l’équilibre psychologique initial. Chez une personne qui aura un « terrain » suicidaire pré-existant, ou tout type de fragilité psychologique, certains maux seront exacerbés par la solitude, mais aussi par tout le climat anxiogène ambiant, les informations et prévisions pessimistes, l’inquiétude pour soi et pour ses proches. L’absence de projection vers un avenir positif, l’incertitude quant à un retour à la normal, les nombreux questionnements sur la suite, « l’après-confinement », sont de puissants vecteurs d’anxiété.

Des fragilités psychologiques mises bout à bout et intensifiées, entraînent dans certains cas, l’émergence et la récurrence de pensées noires, pouvant mener à une volonté de passage à l’acte de plus en plus soutenue, et de plus en plus précise avec un mode opératoire réfléchi. Une personne souffrant de troubles dépressifs pourra se sentir davantage exposée à ses pensées pessimistes, un individu anxieux en proie à davantage d’angoisses etc.

Ce qu’il faut retenir c’est qu’en cette période, l’individu ne dispose plus, ou différemment, des ressources protectrices qu’il peut habituellement trouver à l’extérieur, qu’il s’agisse du parcours de soin mis sur pause (groupe de parole, consultations en face à face, ateliers thérapeutiques) ; ou tout simplement des contacts sociaux protecteurs (entourage familial, amical).

Il est donc confronté à une double difficulté : la solitude ou tout du moins l’éloignement s’il n’est pas seul ; ainsi que la privation de soins.
Ce sont ces facteurs de protection là, et d’autres comme le travail, les activités extérieurs, le sport ; qui, en temps normal, peuvent faire barrière, plus ou moins solide, entre un individu présentant des pensées suicidaires et le passage à l’acte.



Le recours aux toxiques comme tentative d’atténuer la souffrance :



L’usage de toxique divers, comme moyen de combattre l’angoisse liée à la solitude, gagne du terrain en période de confinement.

 

Une aide pour trouver le sommeil, un anesthésiant d’émotions douloureuses. Les « avantages » de ces toxiques sont malheureusement nombreux, tout autant que le sont leurs dangers.
Le passage à l’acte en étant sous emprise d’alcool, de drogues ; le risque d’intoxication, d’overdose, etc. Certains toxiques tels que l’alcool, de par l’effet désinhibant qu’il possède, peuvent agir comme un court-circuit, entre la pensée suicidaire et le passage à l’acte. L’acte suicidaire est posé de manière impulsive.

Ces états sont d’autant plus inquiétants que l’isolement les rend difficilement visibles aux yeux de l’entourage. En temps normal, l’absence d’une personne sur son lieu de travail par exemple, peut rapidement solliciter l’inquiétude de l’entourage professionnel. En situation de télétravail, voire absence d’activité la possibilité de venir en aide à un collègue n’est pas la même ; et donc la prise en charge moins évidente, rapide.



Point de vigilance : enfants et adolescents :



Il convient de ne pas négliger le risque chez les enfants et adolescents de passage à l’acte.

La situation de confinement peut en première intention laisser penser que les plus jeunes sont protégés de l’extérieur et des risques qu’il représente. Mais les réseaux sociaux sont toujours actifs avec leur lot de dangers.

Être à la maison ne protège pas de la violence extérieure, que cela soit en temps de confinement ou de manière générale. On pense notamment aux situations de harcèlement qui peuvent continuer d’exister voire s’intensifier à distance.

La tentative de suicide chez l’adolescent souvent mise sur le compte de la crise d’adolescence, est au contraire, à considérer avec sérieux. Elle est signe d’une réelle souffrance avec ou sans antécédents de troubles psychiatriques. Le passage à l’acte suicidaire chez l’enfant ou l’adolescent est caractéristique de l’impulsivité de cette période de développement, la souffrance est agie et non pas pensée.

Préserver un espace de liberté chez l’adolescent, son besoin d’intimité, porter un regard attentif sur des changements significatifs de comportements chez l’enfant et/ou l’adolescent ; permet de prévenir certains passages à l’acte. Une escalade dans l’agressivité, la violence, la provocation, les mouvements de fugues, l’usage répété de toxiques, des prises de risques à répétition sont des facteurs qui peuvent alerter.  

Il est important de ne pas sous-estimer l’accès à des modes opératoires pour passer à l’acte, sous prétexte que l’adolescent ou l’enfant partage le même espace que son entourage. De nombreux suicides ont malheureusement lieu au sein du domicile familial.



Recours en situation de danger (pour soi-même ou pour quelqu’un d’autre) :



Toute suspicion de passage à l’acte imminent doit amener la personne à contacter les urgences, et ce même si un doute subsiste quant à sa probabilité. La prudence concernant ces questions n’est jamais trop importante. Rassembler le plus d’éléments possibles concernant la personne susceptible de passer à l’acte est un réflexe précieux pour permettre une action rapide des urgences (samu, pompiers, police etc.), essayer autant que faire se peut d’avoir l’adresse de la personne en danger notamment.

Pour des personnes qui présentent des pensées suicidaires, sans risque de passage à l’acte imminent, le maintien ou le démarrage d’un suivi psychologique même à distance, est important. Créer du lien et de l’échange là où la solitude place l’individu seul face à lui-même, à ses pensées à ses représentations, permet que ces dernières soient considérées avec un peu plus de hauteur, de recul. Rythmer les journées, ritualiser certaines activités qui maintiennent dans une certaine temporalité, apportent des repères rassurants, facilitent également le maintien du contact social, protecteur même à distance.

Pour évaluer le risque d’un passage à l’acte imminent, certains repères permettent de s’orienter. En premier lieu, la présence ou non de pensées suicidaires, leurs récurrences (quand, pour la dernière fois, la personne a présenté ce type de pensée) ; l’établissement d’un scénario précis, et notamment un mode opératoire pensé, réfléchi, accessible. Dans certains cas, la date du passage à l’acte est déjà précise, là encore, interroger sur l’existence d’un moment choisi alerte sur l’urgence de la situation. Il est légitime de se questionner sur la manière de poser ces délicates questions, l’exercice difficile que représente l’investigation du risque suicidaire.

Nous retrouvons très souvent chez les proches cette inquiétude à parler du suicide comme pouvant faire émerger un désir de mort chez l’individu présentant des symptômes dépressifs.

Parler du suicide, des pensées suicidaires, du passage à l’acte ne donne pas « d’idées » à celui qui n’en n’a pas. Ces mots bruts « suicide », « passage à l’acte », « mode opératoire », peuvent eux aussi effrayer, mais il faut pouvoir les poser avec confiance, ils ne peuvent inciter la personne à passer à l’acte.

Le retour au calme de l’individu présentant des pensées suicidaires, peut malheureusement être annonciateur d’un passage à l’acte imminent, décidé et accepté. L’intention suicidaire a glissé vers la mise en acte ; et le suicidaire en « paix » avec cette décision trouve une sensation d’apaisement. En tant que professionnel de santé, ou membre de l’entourage, il est important de ne pas relâcher la vigilance, dans un moment où l’individu semblerait « aller mieux ».

Se saisir des plateformes d’écoutes gratuites (Suicide écoute, ligne d’écoute diverses) est aidant autant pour celui qui présente des pensées suicidaires, que pour la personne confrontée à celles d’un de ses proches.



Le confinement et ses différentes modalités ont donc un impact sur la santé psychologique de manière générale. Les conditions de confinement et les fragilités psychologiques existantes sont déterminantes face au risque de passage à l’acte suicidaire, qui est décuplé en contexte de crise sanitaire. Que vous soyez concerné par cette situation ou au contact d’une personne présentant des risques, le premiers réflexes consistent à rompre la solitude, à se faire accompagner et à alerter en cas de danger imminent.

Le passage à l’acte suicidaire est un sujet épineux qui soulève bon nombre d’interrogations, d’inquiétudes, d’émotions diverses. Les professionnels de santé (psychologue, médecins, infirmiers) sont disponibles pour évoquer ces problématiques en amont de toute situation de danger et permettent de trouver des ressources internes comme externes, pour « prévenir » d’un éventuel passage à l’acte.



SOS Amitié :
Permanence d’écoute téléphonique 24h/24, 7j/7.
Permanence d’écoute par tchat tous les soirs de 19 h à 23 h ou par mail (réponse sous 48h maximum).
Tél. : 01 42 96 26 26 (Ile-de-France).Les numéros régionaux d’appel sur le site de l’association.
Site Internet : www.sos-amitie.org.

Suicide Ecoute :
Ecoute des personnes confrontées au suicide.
Permanence d’écoute téléphonique 24h/24, 7j/7.
Tél. : 01 45 39 40 00
Site Internet : www.suicide-ecoute.fr.

SOS Suicide Phénix :
Accueil et écoute de toute personne confrontée à la problématique du suicide.
Permanence d’écoute téléphonique 7j/7.
Permanence d’écoute par messagerie accessible depuis le site internet de l’association.
Ligne nationale : 0 825 12 03 64 (de 16 h à 23 h).
Ligne Ile-de-France : 01 40 44 46 45 (de 12h à minuit).
Site Internet : www.sos-suicide-phenix.org.

 

Marie-Violette Vellutini

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Sources :