Bienvenue sur weppsy, un ensemble d’articles écrits par des psychologues à destination du grand public.

Ce blog est issu du souhait de partager des idées du monde de la psychologie, de créer des échanges grâce à “une rencontre” avec des praticiens sur des sujets qui vous touchent et vous interrogent. Une rencontre car chaque texte est le fruit du travail personnel et de l’expérience d’un psychologue et porte dès lors sa signature. Vous trouverez ici une grande diversité d’approches : chaque article est l’expression d’un point de vue, d’une pratique. Nous sommes convaincus que la pluralité des approches et la dimension intégrative des pratiques nourrissent une réflexion riche et en mouvement. Nous vous invitons ainsi à explorer ces ressources avec ouverture et bienveillance, valeurs essentielles de notre réseau, que nous souhaitons prolonger et faire vivre dans ce projet avec vous.

L’objectif est ainsi de vous donner un maximum d’informations afin de faire avancer votre réflexion sur des sujets, et que vous puissiez faire des choix éclairés, concernant par exemple le type de psychologue ou de courant qui pourraient vous convenir au mieux.

Afin d’approfondir les thématiques abordées, vous trouverez des sources et des liens en bas des articles, qui sont des invitations à approfondir les thématiques abordées, ainsi que des informations sur l’auteur. Nous vous proposons de les retrouver sur leur fiche weppsy ou via leur site si vous souhaitez les contacter. Par ailleurs, comme vous le savez, ces écrits ne pourront pas répondre totalement à une problématique spécifique et personnelle, mais seront, nous l’espérons, un point de démarrage et un début d’éclairage pour vous. Aussi, rien ne remplacera un entretien avec un psychologue.

Les auteurs de weppsy sont des psychologues cliniciens, du travail, ou chercheurs, qui travaillent dans différentes organisations telles que l’hôpital, l’entreprise, les écoles ou encore comme indépendant. Ils sont tous diplômés de l'Ecole de Psychologues Praticiens.

Vous trouverez ci-contre des catégories, qui évolueront et s’enrichiront au fil du temps, afin de pouvoir vous repérer au mieux et cibler vos recherches.

Maintenant, à vous d’explorer !

L'intelligence émotionnelle au coeur de la reconquête professionnelle

de Cherisey, Psychologue clinicienne)

par Rose de Cherisey, Psychologue clinicienne
le 2020-05-27

L'intelligence émotionnelle au coeur de la reconquête professionnelle

Nous sommes issus, en France et plus largement en Europe occidentale, d’une histoire, entre autres, cartésienne, qui sépare l’émotion de la raison.

Nous avons longtemps considéré que l’émotion était un frein à la raison. Selon Descartes, l’émotion, au même titre que la passion, représenterait même des affections, venant alors entraver le raisonnement et le bon fonctionnement du cerveau.


Les recherches plus récentes, effectuées par les neurologues et psychologues, montrent à l’inverse, que les émotions et le cerveau travaillent ensemble, s'apportant des informations complémentaires importantes, participant à ce que l’on appelle les compétences logiques et les compétences émotionnelles (1).

Dans différentes cultures et notamment en Asie par exemple, la prise en compte des émotions est ancestrale et constitue une énergie positive au service de chacun, tant d’un point de vue professionnel que personnel, collectif qu’individuel.


Il n’est pourtant pas rare encore aujourd’hui d’entendre des demandes impossibles telles que « on laisse le perso chez soi et le pro au travail » ou des clichés tels que « les émotions n’ont pas leur place en entreprise ».

Alors, qu’en est-il de ces fameuses émotions dans notre vie professionnelle ? Celles que nous savons maintenant nécessaires à la gestion de notre vie quotidienne, mais surtout, indissociables de notre être et de notre essence même ?


Notre société actuelle est duelle dans bien des sens (2), et la crise sanitaire que nous venons de traverser nous a confrontés à ces ambivalences qui se sont creusées, mais également à nous-mêmes (3). Le retour au monde professionnel comme nous le connaissions il n’y a que quelques mois encore ne pourra pas se faire sans transformation ni changement.


Les entreprises qui se sont le mieux adaptées à la crise d’un point de vue professionnel ont écouté les collaborateurs dits « de terrain », ont développé en eux une confiance, une volonté de pousser à l’autonomie, à la créativité, tout en créant des espaces de paroles où chacun pouvait s’exprimer librement (4). On arrive donc ici à ce qu’on appelle l’Intelligence émotionnelle.


Si sa définition paraît évidente, son application ne l’est pas pour autant, principalement à cause de nos croyances concernant les émotions et leur utilité, ceci, autant dans la vie professionnelle que personnelle. Nous entendons encore fréquemment qu’un garçon ne doit pas pleurer (et donc être triste) ni avoir peur, et qu’une fille ne doit pas se mettre en colère mais privilégier la douceur et la tranquillité. Il semble donc important, avant d’aborder l’intelligence émotionnelle, de considérer les émotions en elles-mêmes.


On parle d’abord des émotions primaires, dites biologiques, innées, instinctives. Au nombre de six, elles participent à notre survie. On retrouve la Joie, la Colère, la Peur, la Tristesse, le Dégoût et la Surprise. Tout comme les couleurs primaires qui forment, en se mélangeant, un arc-en-ciel, les émotions primaires vont s’imbriquer et donner des émotions plus complexes, appelées les émotions secondaires, plus communément connues sous le nom de « sentiments » : la colère associée à la peur peut par exemple donner un sentiment de frustration, ou d’injustice. La joie et la tristesse se transformeront en nostalgie.


Chaque émotion a une origine et un besoin qui lui sont propres. La peur, provoquée par une situation perçue comme dangereuse indique un besoin de sécurité. La colère, générée par une atteinte à l’intégrité demande la réparation du dommage commit. Une fois cette base posée, nous pouvons nous demander ce qu’est l’intelligence émotionnelle et quelles sont ses compétences (5) ?


Comme évoqué plus haut, nous avons des compétences logiques et des compétences émotionnelles. Quelles sont, alors, les 5 compétences émotionnelles ?


Identifier 


Les émotions sont encore parfois méconnues et donc, difficilement identifiables. En parallèle, elles arrivent en nombre et il n’est pas toujours évident de savoir quelle est l’émotion la plus présente à tel ou tel moment. Il est donc important, lorsqu’on se sent pris dans un flot émotionnel, de se poser la question : qu’est-ce que je ressens ? Les techniques sont aujourd’hui variées pour se mettre en condition d’écoute de ses émotions et de leurs ressentis corporels, allant du balayage corporel au yoga, passant par la respiration, l’écriture, l’entretien psychologique ou encore la méditation. Il ne tient donc qu’à chacun d’entre nous de développer cette posture d’identification qui nous amènera à la deuxième compétence émotionnelle.


Comprendre 


Une fois l’identification de l’émotion principale terminée, il nous faut comprendre ce qui l’a engendrée (la situation, et donc le comment) et la raison pour laquelle c’est cette émotion qui s’installe plutôt qu’une autre (la réaction, et donc le pourquoi).

Chacun d’entre nous avons des réactions qui nous sont propres, dirigées par nos expériences précoces et actuelles, notre personnalité, nos injonctions, notre seuil de tolérance…. Ainsi, la compréhension de l’émotion nous aidera à nous rapprocher de nous-même, de nos valeurs, et nous permettra donc de l’exprimer.


Exprimer 


L’émotion peut s’exprimer en deux temps (à chaud ou avec une prise de recul), mais de bien des manières. Elle peut rester pour nous ou être communiquée à l’autre, se décharger dans le sport ou dans l’écriture, la musique, ou dans un courriel à un collègue qui nous a énervé.

L’important, dans cette notion d’intelligence émotionnelle sera de pouvoir exprimer son émotion sans être sous son emprise, que l’on puisse l’accepter et s’en servir, au lieu de tenter de la refouler ou de la dénier car on ne lui trouve pas d’utilité instantanée.

 

Réguler 


Réguler ses émotions, c’est réussir à ne pas être dirigé par elles, mais s’en servir de manière efficace et sereine, pour avancer en accord avec nous-mêmes. C’est aussi réussir à réguler celles de notre interlocuteur, de l’aider à les identifier, à comprendre et exprimer ses propres émotions, même si elles sont en désaccord avec les nôtres. Il y a donc la notion du respect de l’autre et de ce qu’il ressent, de ce que ses comportements et émotions viennent provoquer chez nous. Si l’Intelligence émotionnelle passe par un travail individuel, elle prend forcément en compte l’autre, puisque nous sommes avant tout des êtres sociaux. Comme nous l’avons vu plus haut, les méthodes de régulation des émotions sont nombreuses et il ne tient qu’à chacun d’entre nous de trouver la méthode en accord avec nous-même.


Agir 


L’émotion participe au passage à l’action. Lorsque je traverse la route, la peur me fait regarder sur les côtés pour m’assurer de passer en toute sécurité. Ne pas prendre nos émotions en considération lors du passage à l’action nous ferait bien souvent foncer droit dans le mur, puisque nous n’aurions pas conscience ni des risques, ni de notre réelle motivation à le faire. Devenir manager d’une équipe lorsqu’on n’apprécie pas particulièrement les responsabilités, asseoir son statut de supérieur hiérarchique et prendre la parole en public, par exemple, risque de faire de nous un manager en difficultés qui risquerait de dégrader un collectif.




A la lecture de ces cinq compétences, on comprend alors qu’elles s’appliquent non seulement dans le milieu professionnel, mais également dans le milieu personnel.

Il s’agit d’une démarche individuelle ayant un impact fort sur soi, mais également chez nos différents interlocuteurs.


La crise du Covid-19 a eu un impact sur chacun d’entre nous. Elle a aidé à des prises de consciences personnelles et sociétales, environnementales et économiques. De nombreux groupes veulent voir émerger de nouvelles actions, méthodes, pour intensifier le respect de la planète, repenser l’économie individuelle, nationale, mondiale, le monde du travail, la course au « tout, tout de suite » et aussi et surtout, être plus proche de l’humain. De la prise de conscience du travail des soignants à celle du besoin d’être avec nos proches, de travailler, de sortir, de bouger, en passant par la nécessité de trouver du sens à nos actions et notre quotidien, ces prises de conscience ont pour idéologie de nous rapprocher de l’essentiel (6).


Dans nos conditions professionnelles et dans l’optique d’un retour dit « à la normale », il sera donc important de privilégier cet espace d’échange autour des ressentis individuels et collectifs, où chaque membre de l’équipe, collaborateur comme manager, arrivera à se munir de ces compétences pour les exploiter et s’en servir dans le but d’agir et d’interagir, en adéquation avec soi-même et les autres.

Loin d’être l’unique clef, l’intelligence émotionnelle à travers une communication plus ouverte, transparente et bienveillante nous rapprochera de cet essentiel et nous guidera vers nos besoins fondamentaux.


Rose de Cherisey

Son profil sur Linkedin



Sources

  1.  La raison des émotions Antonio R. Damasio, paru en janvier 2010 Essai (Poche)

  2. Notre société, une réponse obsessionnelle ? Sébastien Rose, paru en Janvier 2011 dans Cliniques méditerranéennes n°83

  3. Confinement et déconfinement : comprendre la crise pour mieux la traverser. Marion de Champsavin, 2020-05-07 Weppsy épisode n°19

  4. https://www.institut-entreprise.fr/limpact-de-la-crise-du-covid-19-sur-le-travail-premiere-analyse

  5. Manager avec l’intelligence émotionnelle. Pierre-Marie Burgat, Ed. Dunod. 2016.

  6. https://acteursdeleconomie.latribune.fr/debats/2020-03-24/serge-guerin-le-covid-19-une-lecon-d-humilite-843079.html


Confinement, déconfinement : quid de la motivation ? 2 expériences pour devenir un paresseux-heureux au travail

Cappe de Baillon, Psychologue et coach en orientation)

par Sophie Cappe de Baillon, Psychologue et coach en orientation
le 2020-05-19

Confinement, déconfinement : quid de la motivation ? 2 expériences pour devenir un paresseux-heureux au travail

Le déconfinement a sonné. Néanmoins pour certains, le télétravail, les révisions à domicile, la garde des enfants laissent un goût de confinement prolongé ou en tout cas, n’aide pas à se mobiliser plus pour son travail.


Une réunion à forts enjeux prochainement ou des examens à préparer ? Au fil des jours cela peut devenir de plus en plus urgent. C’est idéal de commencer maintenant car vous avez (encore ?) du temps. Et pourtant. Rien à faire. Vous ne trouvez pas l’énergie.


Qu’on soit salarié ou étudiant, travailler est un défi encore plus grand en ce moment. Au début, il y a eu l’excitation de découvrir un nouveau rythme de travail, de chez soi, à distance. Mais les jours ont passé et l’énergie manque vraiment… Dans cet article je vous propose de : comprendre pourquoi cette période est si propice à la démotivation, d’ouvrir des pistes de réflexions afin de comprendre ce qui vous motive, et concrètement, qu’est-ce que je peux faire pour retrouver de l’énergie ?


Pourquoi cette période est si propice à la démotivation ?


Depuis le début du confinement, on a tous changé nos habitudes de travail à cause d’un seul élément : notre cadre social n’existe plus. Le rythme de nos vies personnelles a changé de manière évidente mais côté professionnel, ça a été un peu plus insidieux. Au début, on était ravis d’échapper au temps de transport, aux réunions à rallonge et autres désagréments. Pourtant, toutes ces habitudes apportent un rythme et une structure à nos quotidiens, sans même que nous en ayons conscience.


Prenez la réunion d’équipe hebdomadaire: elle vous sortait souvent de la tête mais voir vos collègues quitter leurs bureaux tous en même temps vous rappelait à l’ordre. Désormais, vous êtes le seul et unique acteur de votre rythme, à vous de vous organiser avec vos contraintes professionnelles ET personnelles. Cela demande beaucoup plus d’énergie. (D’autant plus si certains de vos co-confinés ont moins de 10 ans !)


En plus de cela, il y a le manque ou le trop plein de travail, le chômage partiel ou encore l’assignation de “travail de fond” toujours repoussé jusqu’alors. En bref, c’est l’incertitude et on se questionne : est-ce que mon travail actuel est vraiment utile ?


Modification du lien social, absence de temporalité, résultats peu visibles, manque d’objectifs, autant de raisons de baisser les bras ?


Bill Gates disait : “Je choisis une personne paresseuse pour un travail difficile, car une personne paresseuse va trouver un moyen facile de le faire.”

Toutes ces contraintes pourraient être l’opportunité de développer votre capacité à être un paresseux-heureux. Parlons plus en détail de la motivation pour mieux agir !



Comment comprendre ce qui me motive ?



La motivation c’est la raison qui va nous mettre en mouvement, la cause qui va susciter l’énergie. Regardons cela plus en détails.


La théorie de l'autodétermination a défini 3 types de motivation principaux :


  • L’amotivation est l’absence de motivation. Pas trop besoin de vous expliquer, je pense qu’on a tous vécu récemment où on passe d’une tâche à l’autre, sans conviction. Cet état de léthargie très désagréable renvoie à la question du sens : pour quoi faire cela ? L’attitude à adopter peut être de vous interroger sur le besoin auquel répond cette activité.

 

  • La motivation extrinsèque est la réalisation de tâches pour des motifs externes. L’enfant puni qui se retrouve à écrire 100 fois la même phrase pour une punition est un bon exemple. Il y a différents types de régulations de cette motivation. Prenons l’exemple du travail.

    • Je travaille pour faire plaisir à mes parents/mon boss → Il s’agit d’une régulation externe.

    • Je travaille parce que si je ne le fais pas je vais culpabiliser → Il s’agit d’une régulation introjectée.

    • Je travaille car ça me permettra d’atteindre un poste qui me plaira → Il s’agit d’une régulation identifiée.

    • Je travaille car c’est aligné avec mes valeurs de travail bien fait → Il s’agit d’une régulation intégrée.


Différentes type de régulations qui vous permettent de gagner en motivation à court/moyen terme.


  • La motivation intrinsèque est le plus haut degré de motivation, le plus durable et aussi le plus personnel ! Vous souvenez vous d’un moment où vous vous êtes engagé spontanément et volontairement dans une tâche par intérêt ou plaisir personnel ?


  Pour expérimenter ce qu’est la motivation intrinsèque, pensez à la dernière activité que vous avez aimé faire sans solliciter trop d’énergie. Ca peut   être la cuisine, la lecture, le sport… Il y a 3 piliers dans la motivation intrinsèque :


    • Avoir de l’autonomie : pouvoir orienter ses désirs comme on le souhaite

    • Agir pour quelque chose qui a du sens pour nous.

    • Développer une envie de maîtrise : réaliser qu’on peut toujours apprendre plus sur ce sujet !


Attention, il n’y a pas une motivation meilleure que l’autre. On a besoin de la motivation intrinsèque ET extrinsèque pour se mettre en marche. Ces différents types de motivation s’inscrivent dans un continuum où l’énergie fluctue selon notre capacité à écouter nos envies personnelles et à reconnaître nos forces et compétences.



Concrètement, qu’est-ce que je peux faire ?



Ces périodes de confinement et déconfinement sont une belle occasion de faire plus avec moins, l’occasion de développer une paresse efficace et d’aller au plus simple comme le disait Bill Gates. Dans ce but, je vous propose deux expériences.


  • Expérience 1 : dans les dernières semaines, quelles sont les activités qui vous ont mobilisé sans effort ? Celles pour lesquelles vous pouvez-vous mettre en mouvement facilement ? Identifier ces moments de mise en mouvement facilitée vous permet d’identifier vos forces : les choses que vous savez bien faire spontanément.


  • Expérience 2 : Pour affiner la connaissance de vos motivations, je vous propose de reprendre 3 moments professionnels où vous vous êtes senti particulièrement motivé. Décrivez les en détail (votre rôle, vos interlocuteurs, vos actions exactes…) Puis sous votre texte, tracez 2 colonnes à compléter à lumière des types de motivations décrits ci-dessus. D’un côté, vous inscrivez vos motivations intrinsèques et de l’autre côté, vos motivations extrinsèques pour comprendre ce qui marche pour vous motiver personnellement. Et la prochaine fois que l’absence de motivation se fait sentir, allez piocher dans cette liste !


Prenez soin de vous,


Sophie Cappe de Baillon

Psychologue - Coach en orientation

Sa fiche sur weppsy

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Sources :

http://rire.ctreq.qc.ca/2019/01/les-differents-types-de-motivation-selon-la-theorie-de-lautodetermination/

https://www.ted.com/talks/dan_pink_the_puzzle_of_motivation?language=fr