Bienvenue sur weppsy, un ensemble d’articles écrits par des psychologues à destination du grand public.
Ce blog est issu du souhait de partager des idées du monde de la psychologie, de créer des échanges grâce à “une rencontre” avec des praticiens sur des sujets qui vous touchent et vous interrogent. Une rencontre car chaque texte est le fruit du travail personnel et de l’expérience d’un psychologue et porte dès lors sa signature. Vous trouverez ici une grande diversité d’approches : chaque article est l’expression d’un point de vue, d’une pratique. Nous sommes convaincus que la pluralité des approches et la dimension intégrative des pratiques nourrissent une réflexion riche et en mouvement. Nous vous invitons ainsi à explorer ces ressources avec ouverture et bienveillance, valeurs essentielles de notre réseau, que nous souhaitons prolonger et faire vivre dans ce projet avec vous.
L’objectif est ainsi de vous donner un maximum d’informations afin de faire avancer votre réflexion sur des sujets, et que vous puissiez faire des choix éclairés, concernant par exemple le type de psychologue ou de courant qui pourraient vous convenir au mieux.
Afin d’approfondir les thématiques abordées, vous trouverez des sources et des liens en bas des articles, qui sont des invitations à approfondir les thématiques abordées, ainsi que des informations sur l’auteur. Nous vous proposons de les retrouver sur leur fiche weppsy ou via leur site si vous souhaitez les contacter. Par ailleurs, comme vous le savez, ces écrits ne pourront pas répondre totalement à une problématique spécifique et personnelle, mais seront, nous l’espérons, un point de démarrage et un début d’éclairage pour vous. Aussi, rien ne remplacera un entretien avec un psychologue.
Les auteurs de weppsy sont des psychologues cliniciens, du travail, ou chercheurs, qui travaillent dans différentes organisations telles que l’hôpital, l’entreprise, les écoles ou encore comme indépendant. Ils sont tous diplômés de l'Ecole de Psychologues Praticiens.
Vous trouverez ci-contre des catégories, qui évolueront et s’enrichiront au fil du temps, afin de pouvoir vous repérer au mieux et cibler vos recherches.
Maintenant, à vous d’explorer !
par Arthur Durif Meunier, Psychologue clinicien
le 2020-10-27
En cette période hors du commun, quelques-uns d’entre nous ont effectivement pu trouver en l’humour un moyen de s’aérer l’esprit, de s’évader en échappant brièvement à la réalité dans laquelle nous nous trouvions. Mieux encore, ce mécanisme nous offre la possibilité de partager cette escapade avec ceux qui nous entourent et à un prix bien moins élevé que celui de nos compagnies aériennes.
Sur le papier, l’efficacité de l’humour semble imbattable : il rayonne sur soi comme sur les autres, il peut être utilisé dans un grand nombre de situations et ne nécessite d’aucun matériel particulier. Pourtant, telle la poudre noire, son usage peut participer à l’embellissement de nos vies comme à l’assombrissement de notre existence.
Du feu d’artifice à la poudre à canon, l’humour dispose d’un fabuleux pouvoir tantôt protecteur et tantôt destructeur.
Je vous propose, dans un premier temps, de commencer par un bref résumé des bienfaits et des méfaits de l’humour. Nous aborderons par la suite le rôle qu’il peut jouer pour notre survie en agissant sur notre rapport à la réalité et au sens que nous lui accordons.
« La faculté de rire aux éclats est preuve d'une âme excellente » Jean Cocteau
Sur le plan physiologique, le rire aurait une quantité d’effets bénéfiques ; Fry en décrit un certain nombre. Le rire agirait sur le système musculo-squelettique en contractant par exemple les muscles du visage ou ceux de la ceinture abdominale. Il aurait un impact sur le système cardio-vasculaire. Lyttle comparera même les bénéfices du rire à ceux d’un jogging. Selon Fry le rire stimulerait aussi le système endocrinien, le fonctionnement immunitaire et le système nerveux. Plus difficile à mettre en évidence, de nombreux bienfaits physiologiques occasionnés par l’humour découlent de la réduction du stress que l’on sait aujourd’hui responsable d’une grande quantité de maladies.
Sur le plan psychologique, plusieurs auteurs (Martin, Kuiper, Olinger et Dance) considèrent l’humour comme une stratégie de coping, une stratégie d’adaptation contre le stress. En psychologie positive (Peterson et Seligman), il est d’ailleurs considéré comme l’une des forces qui transcendent la réalité quotidienne. Mais l’humour a aussi sa place dans le référentiel psychanalytique où il fut décrit par Freud comme un mécanisme de défense particulièrement efficace et dont il dira « L’humour, lui, peut être conçu comme la plus haute [...] réalisation de défense » (Freud). Il est en effet le moyen d’extérioriser une problématique dans une forme socialement acceptable et de la rendre agréable à son public. Nous conclurons la partie des bienfaits psychologiques de l’humour sur son lien avec la résilience. En effet, Cyrulnik le considère comme « […] un des plus précieux facteurs de résilience : l’humour ». Il est, selon l’auteur, le moyen de dépasser certains évènements difficiles voire traumatiques, en leur proposant une autre interprétation, une interprétation qui prête à rire.
Passons maintenant aux bénéfices sociaux. L’humour serait selon Guibert, Paquerot et Roques un facteur puissant de cohésion sociale, et ce pour plusieurs raisons. Premièrement il facilite la communication en renforçant l’interaction et en améliorant la compréhension mutuelle d’un groupe. Deuxièmement il traduit une attention particulière à autrui, ce qui développerait la confiance et faciliterait la création d’un réseau social. Pour Bottega l’humour permet de jouer avec les représentations et ainsi de proposer un autre point de vue, une autre façon de concevoir la même réalité.
Abordons maintenant les bienfaits cognitifs apportés par l’humour. D’après la théorie Jungienne, l’humour peut constituer une source d’énergie. En effet son aspect social ainsi que le plaisir occasionné par son usage permettent de lutter contre l’épuisement professionnel. L’un des meilleurs exemples, est l’humour parfois décalé que l’on entend dans des milieux professionnels difficiles comme celui du secteur médical. De nombreuses recherches comme celle de Rambaud tendent à montrer que son usage dans les milieux hospitaliers est un mécanisme de défense qui sert à protéger les équipes de la souffrance à laquelle elles sont exposées. Il permet d’après Lyttle de court-circuiter les modèles de pensée fermés et improductifs, ce qui conduirait d’après Isen, Daubman et Nowicki à des méthodes de résolution de problèmes créatives et innovantes.
« Tout ce qui permet de guérir, peut également être utilisé à mauvais escient » Platon.
Les méfaits de l’humour vont du simple quiproquo aux manipulations perverses et malveillantes. Le meilleur moyen de différencier la simple maladresse de la volonté de nuire consiste à s’intéresser à la question de l’intentionnalité. Si le droit parle d’homicide involontaire ou volontaire pour définir l’intention qui se cache derrière un acte, Freud parle au sujet de l’humour de contenus « innocents » et « tendancieux ». Ce n’est pas parce que l’intention n’est pas mauvaise en soi que l’humour ne peut pas blesser. Même le plus petit malentendu, par manque de tact, de délicatesse ou par naïveté, une fois dit, ne peut être retiré. Mais le plus grand danger que peut représenter l’humour réside dans sa forme « hostile », selon Freud, qui consiste à « exploiter le ridicule » pour discréditer et rabaisser un individu.
Rien ne semble mieux représenter le pouvoir salvateur de l’humour que la citation suivante :
« If I had no sense of humor, I would long ago have committed suicide » Mahatma Gandhi
(Si je n’avais pas le sens de l’humour, je me serais suicidé depuis longtemps)
Nous avons vu précédemment que l’humour est un excellent mécanisme de défense, il est aussi un excellent facteur de résilience ; mais concrètement, comment agit-il, quel est son mécanisme permettant de préserver la santé mentale d’un individu ? Pour trouver un élément de réponse, je vous propose de nous pencher sur l’ambiguïté que suggère l’humour. Pour reprendre les écrits de Freud à ce sujet, l’humour est constitué d’un contenu manifeste (explicite) et un contenu latent (implicite). C’est la superposition de ces deux sens qui permet de créer l'ambiguïté. Prenons un exemple tout simple :
Mon collègue me demande comment je trouve sa nouvelle chemise, ce à quoi je lui réponds « Oui, oui, oui, elle est très belle. Probablement l’une des plus belles que tu n’as jamais portée ». Nul doute que pour certains d’entre vous, cette réponse passe pour de l’ironie, mais elle induit chez d’autre le doute. Suis-je alors parfaitement franc (contenu manifeste), ou purement ironique (contenu latent) ?
Explorons encore un peu plus le pouvoir qu’a l’humour dans sa capacité à créer l’alternative, car c’est là qu’en réside la clef de voûte. L’humour semble avoir ce pouvoir créateur, pouvoir qui en dépit des normes sociales, métaphysiques, voire même éthiques, peut proposer une compréhension, une interprétation alternative à la réalité rencontrée. Un existentialiste qui passerait par là évoquerait très certainement la capacité de l’humour à créer du sens et nous savons pertinemment ce à quoi mène l’absence de sens :
Que ce soit au travail dans ces “bullshit jobs” menant au burn-out.
Ou bien lors d’un traumatisme quand le sens des faits se révèle si insoutenable pour l’esprit qu’il mène au déni.
Quand la frustration de subir une situation non choisie et sur laquelle nous n’avons aucun pouvoir mène au désespoir ou à la dépression.
Alors oui, l’humour avec sa capacité à créer un sens, même fantasmé ou illusoire, peut servir de parade à une situation dénuée de toute logique, de toute explication rationnelle ou simplement insupportable.
Il y a cependant un deuxième mécanisme qui se met en place à la suite de cette création de sens : l’apparition d’un choix.L’humour semble alors incarner l’une des armes dont nous disposons pour faire face à la fatalité de la vie en nous donnant le choix d’en changer le sens. Je vous propose ici un exemple permettant d’illustrer mon propos :
Lors d’un groupe d’analyse de pratique post-confinement, je rappelle en début de séance la nécessité de porter le masque, ce à quoi l’une des participante répond : « Ça y est, ça repart en bal masqué ! ». Nous avons tous expérimenté le déplaisir qu’occasionne le port du masque, mais par une habile pirouette elle sut changer la représentation que nous nous faisions de cette directive. Je vous rassure tout de suite, nous ne nous sommes pas mis à faire la danse des canards pour autant. Mais l’espace d’un instant, elle a su nous proposer un voyage en pleine renaissance italienne.
Partant d’un non choix, d’une situation subie sur laquelle nous n’avions aucun pouvoir (le port du masque), ce trait d’humour a su créer un choix alternatif, nous accordant de ce fait la possibilité de ne plus subir en faisant un choix. Si pour de nombreuses raisons nous avons collectivement retenu le choix le plus réaliste à savoir celui de se remettre au travail, cette décision nous appartenait !
Si l’humour dispose de fabuleux pouvoirs, comme ceux de créer du sens en s’exemptant de toutes règles rationnelles ou d’introduire la notion de choix face à des situations semblant sans issue, il incarne aussi l’outil parfait pour fuir. Quand l’humour est au service du désengagement, de la déresponsabilisation, quand il est utilisé pour fuir la réalité, la dégrader ou bien la cacher, son usage devient profondément toxique. Il existe un certain nombre d’indicateurs permettant d’identifier ce type d’usage. D’abord sa fréquence : une utilisation systématique de l’humour peut traduire une forme de rigidité dans la manière d’appréhender certaines situations. Puis son intensité, un humour trop lourd, trop artificiel voire disproportionné peut révéler un malaise face la situation rencontrée. Enfin, il est souhaitable de prendre en compte les formes de cet humour, car certaines d’entre elles comme la dérision, le sarcasme ou l’ironie peuvent s’avérer nocives tant pour l’auteur que pour son entourage.
Pour conclure sur le rôle que peut jouer l’humour dans la survie d’un individu, nous pouvons retenir les choses suivantes. D’abord les bienfaits de l’humour rayonnent aussi bien sur la santé psychique que physique. Ensuite, il agit directement sur l’appropriation d’une situation ou d’un évènement en y proposant dans un premier temps un autre sens, puis en créant un choix. Enfin, si l’humour a pour effet de soulager les individus se trouvant face à une situation désagréable ou subie (soit par manque de sens, soit par manque de choix), il peut le faire de deux manières :
Soit par un processus sain permettant l’acceptation puis le dépassement de la situation.
Soit par un processus toxique menant au déni, à la fuite ou à l’évitement.
Pour plus d’informations sur les bienfaits et méfaits de l’humour je vous invite à consulter des études comme « Etude exploratoire sur les usages de l’humour en milieu professionnel » (Durif Meunier 2019) ou d’autres méta-analyses du même type.
Arthur Durif Meunier
Sa fiche sur weppsy
Sources :
Bottega, C. (2008). L'humour est-il un outil de management ?. Humanisme et Entreprise, 288(3), 21-34. doi:10.3917/hume.288.0021.
Cyrulnik, B. (2001). Les Villains Petits Canards. Paris : Odile Jacob
Durif Meunier, A. (2019). Etude exploratoire sur les usages de l’humour en milieu professionnel. (Mémoire mention très bien, école de psychologues praticiens, Paris).
Freud, S., (1992). Le mot d’esprit et sa relation à l’inconscient. Paris: Gallimard
Fry, W. F. (1994). The biology of humor. Humor: International Journal of Humor Research, 7(2), 111-126. Repéré à : http://dx.doi.org/10.1515/humr.1994.7.2.111
Guibert, N., Paquerot, M., & Roques, O., (2002) L’humour en management : un essai de structuration du domaine, Congrès des IAE, Paris
Isen, A.M., Daubman, K.A., & Nowicki, G.P. (1987), Positive affect facilitates creative problem saving, Journal of personality and social psychology, vol.52, p.1122-1131
Jung, C.G., (1991) Les types psychologiques, 7ème édition, Genève : Georg Ed.
Lyttle, J. (2007). The judicious use and management of humor in the workplace. Business Horizons, 50 (3), 239-245. Repéré à: https://doi.org/10.1016/j.bushor.2006.11.001
Martin, R. A., Kuiper, N. A., Olinger, L. J., & Dance, K. A (1993). Humor, coping with stress, self-concept, and psychological well-being. Humor: international Journal of Humor Research, 6, 89-104.
Peterson, C., & Seligman, M. E. P. (2004). Character strengths and virtues: A handbook and classification. Oxford, England: Oxford University Press.
Rambaud, A. C. (2016). L’humour aux frontières de la vie et de la mort. (Mémoire mention très bien, École de psychologues praticiens, Paris) Repéré à : http://www.psycho-prat.fr/e/bibliotheque?w[bibliotheque_l][where]=#form_bibliotheque_l
par Aude Mouton, Psychologue Clinicienne
le 2020-10-13
Pourquoi ce tapage à propos de la bienveillance ? Pourquoi punir et donner la fessée jusqu’alors le « bon » choix est aujourd’hui si décrié ? Comment l’enfant peut-il apprendre et comprendre les limites sans punition ?
Avant 6 ans, le cortex préfrontal n’est pas suffisamment développé pour faire son travail : réguler les émotions de façon efficace.
Nous avons tous vécu ce grand moment de solitude face à notre enfant en complète tempête émotionnelle devant… son biscuit cassé. Notre cerveau d’adulte analyse la situation et ne comprend pas que la frustration de ne pas avoir son gâteau comme on le veut, la déception de voir la cassure, puisse provoquer un tel comportement. L’émotion peut apparaître chez l’adulte mais elle est vite « contrôlée » par le cerveau et produit un comportement « a minima » car l’émotion est intériorisée.
Nous avons tous tenté d’expliquer avec calme que « non, il n’y a plus de raisins » devant un enfant qui nous répond sans relâche que « oui, mais moi j’en veux un maintenant ! »
Le cortex préfrontal qui permet d’accueillir une émotion et de la soumettre au concept de la réalité (= prendre du recul) n’est pas encore fonctionnel. L’enfant n’est donc pas en mesure de comprendre que son désir doit être soumis à une réalité concrète.
Tout cela pour dire que l’enfant avant 5 ou 6 ans n’est pas à même de contrôler un grand nombre de ses vécus émotionnels et cela se perçoit par des comportements qui ne sont pas « acceptables » socialement. (Vous pouvez lire “Au coeur des emotions de l’enfant” de Filliozat)
Tout d’abord, marchent-elles vraiment ? Il faut bien souvent un grand nombre de répétitions de punitions pour que le comportement disparaisse. Une punition inclut toujours une notion de peur. On propose un déplaisir, une peur, à l’enfant face à un comportement. C’est alors une autre partie du cerveau qui est mise en route. Le « système de récompense », qui comprend les récompenses et les punitions, provoquent des productions hormonales qui vont amener le sujet à répéter ou éviter un comportement. C’est la base du training animal.
Donc à long terme, il est vrai que le comportement s’accentue ou s’arrête mais cet entraînement n’est pas un apprentissage à long terme. L’enfant a du mal à faire le lien entre la punition et « l’intérêt » de la punition. Et même les adultes… combien d’entre nous râlent lorsqu’ils reçoivent un PV ? Un excès de vitesse est un danger pour tous… mais le PV reste une punition inacceptable et désagréable, qui change peu nos comportements sur la route. Les études montrent d’ailleurs un meilleur changement chez le conducteur après un stage qui explique les dangers plutôt qu’après une amende.
Les comportement qu’un parent veut faire cesser ou provoquer chez son enfant comporte généralement une notion d’acceptation sociale.
Si on réfléchit vraiment à la règle que l’on veut mettre en place, on devrait y trouver une logique, une rationalisation sociale, un intérêt dans le développement de l’enfant.Dans ce cas, il est toujours possible de trouver une solution intelligente de répondre à la situation.
L’obéissance est à différencier de la soumission. Dans une relation de confiance, l’enfant sera plus enclin à faire confiance à la personne qui le sécurise.
L’enfant qui a un comportement dangereux (mord, traverse la route, ne s’attache pas en voiture ..) n’est souvent pas en recherche de provocation. Cette compétence arrive plus tard (après 6/7 ans). Il est peut-être dans la recherche des limites, c’est-à-dire comprendre la différence bien/mal, acceptable/inacceptable, etc. mais il est surtout, le plus souvent, dans une recherche de relation, de rapproché à l’autre.
Ouvrir le dialogue, expliquer, rendre possible l’expression du sentiment est toujours une bonne idée. Un enfant est très rapidement dans le conflit quand il est en désarroi avec ses propres émotions. Un enfant va aussi chercher à « prendre le contrôle » pour se sentir puissant et fort.
Un enfant a très vite une sensation de frustration car il vit dans un monde de plaisirs et il n’est pas capable de se rendre compte de l’importance des demandes de la réalité.Tout ceci ne sont pas des excuses pour le laisser faire ! Tout ceci sont des connaissances essentielles pour lui verbaliser et l’amener à développer ces compétences.
Oui. Absolument vrai.
La parentalité bienveillante n’est pas l’absence de limite : la parentalité bienveillante est la tentative de poser des limites de façon respectueuse de l’enfant, de son développement et de son intégrité.
Les violences ordinaires sont nombreuses :
Demander à un enfant un contrôle émotionnel que son cerveau n’est pas capable de produire
Demander à un enfant une absence d’émotion ou une variation émotionnelle
Ne pas proposer de dialogue ou d’empathie
Les atteintes physiques (la fessée, la tape sur la main)
Les atteintes verbales, c’est-à-dire les insultes, le dénigrement, les menaces
Mais aussi :
Laisser tout faire à l’enfant, lui donner le choix sur tout
Ne pas avoir d’exigence et le laisser seul assumer ses comportements
Le laisser dominer l’autre, qu’il soit un autre enfant ou un autre adulte.
Ceci aussi sont des violences ordinaires car l’enfant rentre dans une toute puissance très anxiogène dont il est très dur de sortir.
Pour se sentir en sécurité l’enfant a besoin de sentir que son parent est stable, sûr de lui, qu’il est un guide fiable. Les adultes ont une supériorité intellectuelle, développementale, physique, d’expérience. Ils doivent absolument imposer un cadre de vie à l’enfant dans lequel celui-ci peut se développer en sécurité. Ce cadre est l’ensemble des règles de la société, de la famille que l’enfant doit apprendre à suivre pour être un membre actif de la communauté dans laquelle il vit. On peut choisir de l’aider à se développer par contrainte ou par coopération.
Vos buts à long terme
La première étape me semble être de réfléchir au long terme. Comment voulez-vous que vos enfants soient dans 20 ans ? En se projetant dans le futur, on trouve les réponses à nos demandes éducatives. Se tenir correctement à table est une demande classique, qui change d’un pays à l’autre mais qui reste une aptitude importante à apprendre. Si on imagine nos enfants dans le futur, on peut alors leur expliquer que manger correctement est une marque de respect de l’autre, c’est une compétence qui nous permet d’appartenir à un groupe, de respecter l’espace autour de nous et ceux qui nettoient après nous…
Éduquer par l’exemple.
Si vous voulez des enfants empathiques, soyez empathique envers eux. Si vous voulez des enfants attentifs, soyez attentifs à eux. Si vous voulez des enfants authentiques, soyez authentiques… Nos enfants se crient dessus, disent des gros mots et tapent parce qu’ils imitent ce qu’ils voient.
Un enfant imite jusqu’à tard dans son développement, et vous êtes sa principale source d’inspiration !
Comment un enfant peut-il comprendre qu’il est mal de taper… en se faisant taper ? C’est une ambivalence que le cerveau ne peut pas accepter. Et si les mots le disent, l’expérience physique reste la même : je suis dominé par la douleur physique, je dominerai par la douleur physique.
La punition
J’aimerais vous proposer ici de tenter la “coopération” à la place de la punition. Votre famille est une équipe, une communauté et suivre le chef du groupe est important pour que l’ensemble de la communauté fonctionne.
Expliquez vos besoins: "J’ai besoin que tu ailles te mettre en pyjamas pour avoir le temps de faire le dîner”. “J’ai besoin que tu ailles te laver les mains pour que nous profitions tous d’une maison propre”.
Proposez-lui de participer à la conversation éducative. Même très jeune vos enfants vous surprendront par leur capacité à analyser ce qu’ils vivent. Vous pouvez ainsi faire la liste de ses responsabilités dans le groupe (toujours en accord avec son âge)
Choisissez un sujet qui vous importe dans vos valeurs familiales et tentez de faire comprendre à vos enfants son importance. Ayez une discussion à propos de pourquoi on le fait, les conséquences de suivre ce principe et de ne pas suivre ce principe, comment le gérer en famille, qui est une petite communauté. Tentez le partenariat sur un sujet et voyez les effets rapides !
Enfin, vous pouvez rappeler à votre enfant qu’il a encore le choix devant vos ordres: il peut coopérer s’il se sent capable, ou exprimer son vécu. Un enfant a parfois un sentiment qui le bloque: il n’a pas fini son jeu et il voudrait quelques minutes supplémentaires, il ne se sent pas capable de faire la tâche demandée, il a besoin d’aide ou de soutien… en lui rappelant qu’il peut soit obéir, soit exprimer les raisons de sa “désobéissance”, vous continuez de construire une relation de confiance et non de soumission, vous créez un environnement de cohésion.
Pour mieux comprendre, je recommande les livres de Guéguen et Filliozat pour découvrir des outils techniques, ainsi que les livres de Faber & Mazlish. Enfin, parler de vos expériences pendant des ateliers ou groupes de paroles peut également être très efficaces.
Aude Mouton